Résumé :
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L'historiographie bordelaise est plus que discrète sur le rôle que Bordeaux et sa région eurent dans la traite des hommes et leur esclavage.Ce livre soulève enfin, sans esprit de polémique, la chape de plomb qui pesait sur ce passé qualifié " d'infâme ". On découvre que, durant un siècle et demi, Bordeaux fut à l'origine d'environ cinq cents expéditions qui déportèrent au moins cent trente mille captifs des côtes occidentales et orientales de l'Afrique vers les îles françaises de l'Atlantique et de l'océan Indien. Un nombre considérable de marins, d'armateurs, d'artisans, de marchands et de financiers bordelais participèrent directement ou indirectement à ce trafic. Bordeaux n'a pas bâti sa fortune sur la traite proprement dite mais sur le commerce des denrées coloniales produites par les esclaves dans les " habitations " sucrières et caféières des Antilles : il est de ce fait impossible de dissocier le trafic avec l'Afrique de celui avec les îles. Il y eut des ports négriers autrement plus importants que Bordeaux Nantes, capitale nationale de la traite, arma 3,5 fois plus de navires et Liverpool, capitale mondiale à la fin du XVIIIe siècle, 11,5 fois.Pourtant, Bordeaux - qui occupe la seconde place en France à égalité avec La Rochelle - fit de la traite un enjeu majeur après la guerre de Sept Ans et rattrapa Nantes à la Révolution. En 1822, l'abbé Grégoire accordait la qualification de négrier à tout individu se rendant complice, de près ou de loin, du crime de la traite, et, un siècle plus tard, l'historien Léon Vignols à tout port armant à la traite, sans considération de taille. Bordeaux fut un port négrier, incontestablement.
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