Résumé :
|
La modernisation de la société s'est accompagnée de transformations majeures de la famille.Désormais, chaque génération dispose de sa résidence et la plupart des ménages de plusieurs personnes comprennent une seule famille. L'autonomie résidentielle entre les générations est donc devenue la norme, même s'il subsiste des traces du passé dans la cohabitation rurale ou dans d'autres formes de corésidence. Cette situation, dans laquelle ménage et famille constituent le plus souvent une même unité statistique, a sans doute été à l'origine de l'accent mis sur les ménages dans l'approche scientifique des évolutions de la famille.Elle a aussi nourri le discours sur le repli au sein de la cellule familiale de hase. L'analyse proposée ici s'inscrit dans un courant de recherches qui tente de réinsérer le ménage dans le groupe de parenté. Conjuguant les données d'une enquête et des entretiens, elle permet de cerner les modes d'organisation familiale dans l'espace urbain, d'en suivre la genèse et d'en saisir la dynamique. Les résultats sont éloquents.Quatre personnes sur dix entretiennent avec un membre de leur famille une relation forte et le fréquentent au moins une fois par semaine ; parmi elles, plus de la moitié vivent dans la même commune. Et quand un ménage est privé temporairement de logement, c'est encore la famille qui l'héberge huit fois sur dix. Se dégage ainsi l'existence d'une " famille entourage ", dans laquelle l'individu n'est plus considéré comme défini par des relations familiales conventionnelles, mais comme façonnant son entourage de parents et de proches en jouant sur l'espace, les distances et les proximités.Etudier comment l'espace -y compris celui de la vie professionnelle- est associé à la dynamique des liens d'affinité, c'est comprendre le rapport que les personnes entretiennent avec leur famille proche, celle qu'ils ont d'une certaine façon " choisie ". Car autant l'espace contribue à construire le lien social cri permettant les rencontres et les échanges, autant la famille aménage ses territoires, qui deviendront à leur tour des " espaces de référence " pour les générations suivantes.
|