Résumé :
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L'histoire de la région des Grands Lacs, et du Burundi en particulier, renvoie à des images de catastrophes associées à des densités élevées au c?ur de l'Afrique : des collines surpeuplées, une croissance démographique accélérée, des migrations de masse.Tout au long du XXe siècle, une succession de famines et de disettes, des crises naturelles, épidémiques puis sociopolitiques, suggèrent une fatalité cyclique dont les drames actuels ne seraient que l'aboutissement ultime. L'ampleur des crimes de masse et la virulence des crispations identitaires du temps présent refléteraient-elles un tel piège démographique sous la forme d'une concurrence poussée à l'extrême pour le contrôle de ressources limitées ? L'histoire du Burundi serait-elle l'illustration d'une crise malthusienne, d'une explosion structurelle qui culminerait en une violence paroxystique ? La réalité, telle qu'elle est reconstituée par l'histoire démographique, par une mise en perspective de la croissance et de la transition démographique, est plus complexe.Si les interactions entre la démographie, l'économie, la politique à long terme et les tensions paraissent évidentes, on ne peut en déduire ni un lien mécanique, ni la fatalité d'un blocage. Bien au contraire, c'est dans la modernisation démographique à l'?uvre jusqu'au début de la crise sociopolitique de 1993, dans les dynamiques de ces changements, que se situent les facteurs aggravants de la crise socioculturelle et de la régression ethnique.C'est donc cette mitoyenneté de l'ethnisation et de la transition démographique qu'il convient de mettre en lumière. Dans sa singularité, le cas burundais est aussi révélateur d'un scénario historique commun à d'autres situations... L'auteur a animé durant des années des équipes de recherches universitaires sur le terrain et appuie sa réflexion sur un dépouillement exhaustif des sources d'archives combinées avec des témoignages oraux des populations.
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