Résumé :
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Proche du Grand Jeu, " boussole mentale " du surréalisme, auteur du premier manifeste de Contre-Attaque, cofondateur d'Inquisitions ainsi que, avec Georges Bataille et Michel Leiris, du Collège de Sociologie, Roger Caillois, cette personnalité complexe qui a tenu une place considérable dans l'histoire intellectuelle de notre temps, selon Claude Lévi-Strauss, n'en fut pas moins un solitaire.Si ce déplacé, figure errante et myope sur son échiquier, fréquenta bien des chapelles, il n'en fut presque d'aucune, s'esquivant dès que ses propres exigences lui semblaient menacées, et elles le furent souvent, sinon toujours. Pouvoir lire ou relire Roger Caillois, comme nous y invite ce numéro d'Europe, c'est tenter, avec lui, contre lui parfois, de débroussailler le maquis du monde, et aussi accepter d'être délicieusement aimanté par l'indéchiffrable.C'est, selon son goût, interroger la pierre-paysage, la pierre-écriture, se laisser troubler par des animaux, des mythes, des images, des rêves, des spéculations, un engagement, un attachement, une réflexion, un style, une lucidité, un pessimisme. C'est suivre l'aventure d'une pensée non-conformiste s'efforçant d'unir diagonalement les savoirs et les genres, dans une transgression qui déroute encore les habitudes canoniques.C'est se mettre un peu enjeu, face au réel, à la création littéraire et à ses arcanes, ainsi qu'au vertige métaphysique. Bref, c'est explorer l'univers, et être enrichi par cette inépuisable quête.
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