Résumé :
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Camus appartenait à l'espèce des insoumis.Il ressentit les événements de son temps de manière aiguë et dramatique. Mais simultanément, il garda les yeux ouverts sur des spectacles lumineux. Jamais il n'aurait envisagé d'effacer la beauté du monde. Près de quarante ans après sa mort, il reste étonnamment présent dans la littérature et la réflexion contemporaines. Ses jeunes lecteurs actuels, comme leurs prédécesseurs, sont sensibles à son humanisme sans mensonge ni illusion, à sa conscience exigeante, à son refus des dogmes.Ils lui sont reconnaissants de préserver envers et contre tout, le goût du bonheur de plaider, malgré tout, pour une certaine innocence de l'homme, pour un monde solidaire. On peut cependant se demander si, dans la quasi unanimité que rencontrent l'homme et l'?uvre actuellement, il n'y a pas un risque de récupération intellectuelle et morale : celui de transformer Camus en écrivain ou en penseur " politiquement correct " - ce qu'il ne fut jamais.Maurice Blanchot le remarquait déjà : " Parce qu'il s'exprime avec netteté, on veut enfermer Camus dans l'affirmation visible où il parvient. Parce qu'il est sans équivoque, on lui attribue une vérité sans ambiguïté. Parce qu'il dit extrêmement ce qu'il dit, on l'arrête, on l'immobilise en cette extrémité, mais s'il parle en faveur de la claire limite, on le réduit à cette parole limitée et sans ombre." Relire Camus autrement est une tâche nécessaire. Ce numéro d'Europe nous y invite.
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