Résumé :
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Aux méfaits de la civilisation du charbon - cheminées d'usines, villes noires ou silicose - se sont substituées les menaces invisibles et angoissantes des pollutions chimiques, de l'effet de serre ou du nucléaire.Le propre de l'environnement moderne est d'être inaccessible au profane. Dès lors, on comprend que les scientifiques puissent revendiquer le rôle de médiateurs indispensables entre l'homme et la nature, le pouvoir et l'opinion publique. Faut-il pourtant croire les experts lorsqu'ils affirment que le climat change ou qu'un accident nucléaire comme Tchernobyl serait impossible en France ? Au moment même où la science investit de toute part l'environnement, la multiplication des controverses met paradoxalement en doute sa capacité à appréhender la complexité des phénomènes écologiques. Au rêve d'une connaissance forte de ses certitudes s'oppose désormais l'image d'une science otage ou instrument d'un jeu social où s'affrontent, par médias interposés, Etats, groupes de pression et scientifiques eux-mêmes. Face à l'impossible choix rationalité catégorique et scepticisme généralisé, une seule voie semble acceptable : modifier les rapports traditionnels entre connaissance et ignorance, savoir profane et savoir d'initié, et enfin entre pouvoir politique, expertise et démocratie.
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