Résumé :
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Que reste-t-il des paysans de notre mémoire ? Désormais l'agriculture est industrielle, marchande et scientifique.Elle a tourné le dos à un très vieil héritage de gestes, de rites, de savoirs, d'usages, de liens à la terre et au paysage. Sur fond de Marché commun et de politique agricole commune, cet ouvrage raconte la fin d'une communauté du Périgord, emblématique de la paysannerie française. Quand l'auteur fait parler les paysans, dont les carnets de souvenirs remontent jusqu'au début du siècle, nous sommes en 1960 : sur ce plateau du Périgord méridional, il y a trente familles de paysans.Lorsqu'il ferme ses carnets, en l'an 2000, sur le même terroir, il ne reste que quatre exploitants agricoles. Entre-temps l'exode rural, la concentration des terres, l'arasement du bocage, la mécanisation, la fin de la polyculture et des usages communautaires, la mort d'un dialecte d'oc sont passés par là. La fonction sociale du paysan a disparu. Désormais, l'agriculteur est essentiellement un producteur.Bernard Stéphan réveille un quotidien au travers de portraits recomposés d'acteurs d'un monde qui n'est plus. L'auteur a souvent conservé l'oralité des confidences, d'où la force de ces rencontres. Il évite de tomber dans la nostalgie ou le regret. Ce n'était pas le bon temps... Au contraire, il montre la dureté des conditions, les difficultés du quotidien, la rudesse des rapports. Et il laisse percevoir que derrière la rigueur des jours germait un grand désir d'émancipation.Et c'est bien la ville, souvent avec ses mirages, qui a mis fin à cette société.
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