Résumé :
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En 1960, lorsqu'il finit de rédiger la dernière partie de son autobiographie, Shaaban Robert (1909-1962) est un écrivain reconnu. Il siège depuis 1946 à l'East African Swahili Committee et on le considère comme le plus talentueux promoteur d'une littérature swahilie moderne. Il sait que la publication d'une prose littéraire est nécessaire à la promotion du swahili comme langue de la modernité. Shaaban Robert a écrit trois textes autobiographiques à différents moments de sa vie. Le premier, qui concernait son enfance, a été perdu. Le deuxième, écrit à trente-sept ans, intitulé " Ma vie ", couvre la période 1936-1946. Le dernier, intitulé " Après cinquante ans " a été achevé en 1960. Le récit autobiographique que l'on va lire est sous-tendu par une philosophie de la vie très précise, au confluent de multiples influences culturelles et religieuses. Le souci de l'auteur est d'inscrire des actions pures dans le livre de sa vie et d'éviter toute souillure. L'enjeu est collectif et la probité de chacun est au service du bonheur de tous. Le biographique, le littéraire et le politique relèvent d'un même enjeu éthique. La vie n'appartient à personne ; elle est une surface vierge sur laquelle vient s'inscrire l'individu comme un signe. Il ne faut pourtant pas croire que Shaaban est naïf au point de croire que toutes les intentions sont bonnes et toutes les actions bénéfiques : il est même extrêmement préoccupé par le mal et ses conséquences. Shaaban Robert a fait toute sa carrière dans l'administration coloniale des douanes (1926-1944), puis au département de la conservation de la faune (1944-1946), et enfin dans les services administratifs du district de Tanga (de 1946 à 1959, année de sa retraite).
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