Résumé :
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Au cours des années 80 ( à l'époque de la guerre opposant l'Iran à l'Irak, et de son prolongement maritime connu sous le nom de "guerre des pétroliers" ), puis des années 2000 ( à la suite du 11 septembre , et dans le contexte de l'intervention internationale en Afghanistan ), Jean Rolin a été amené, personnellement , à passer le détroit d'Ormuz à quatre reprises: deux fois sur un cargo, une fois sur un boutre et une autre sur un pétrolier-ravitailleur de la Marine nationale.C'est là, sans doute, qu'il faut chercher l'origine de son intérêt pour ce détroit , réunissant le golfe Persique et la mer d'Arabie, par lequel transite de 20 à 30 % du pétrole et du gaz irriguant l'économie mondiale; ce qui en fait, naturellement , un enjeu stratégique de premier ordre, particulièrement, depuis quelques années, dans le climat de tension croissante engendré par le programme nucléaire de l'Iran.A intervalles réguliers, des escadres de navires américains s'y font voir, surveillées de près par des navires iraniens d'une puissance infiniment moindre que les précédents, mais rompus aux tactiques les plus retorses de la guerre navale dite "asymétrique". De telle sorte que le moindre incident pourrait entraîner une escalade incontrôlable, et que tous les pays de la région sont engagés dans une course aux armements très propice aux marchands de ces derniers.Il n'est pas indifférent, d'autre part, de noter que les paysages du détroit d'Ormuz, tant sur la rive iranienne que sur la rive omanaise, sont d'une grande beauté, ou d'une grande étrangeté, au moins dans la mesure où la chaleur accablante qui y règne pendant six ou huit mois de l'année ménage des conditions acceptables pour les observer. C'est dans ce cadre, et dans ce contexte, que Wax, un personnage aux contours indécis, plus tout jeune, et sans doute un peu mythomane, a formé le projet de traverser à la nage le détroit d'Ormuz, bien que, même dans sa partie la plus resserrée, jamais moins d'une quarantaine de kilomètres n'en sépare les deux rives.Afin de préparer cette performance - par des repérages, des prises de contacts, des analyses plus ou moins fantaisistes de la situation politico-militaire et d'en tenir la chronique, Wax s'est assuré le concours de celui qui dit "je" dans ce récit. Récit dont la trame est formée tant par les tergiversations de Wax que par les pérégrinations de ce narrateur, maritimes ou terrestres, d'abord sur les eaux du Golfe puis sur les deux rives, l'arabe et la perse, de celui-ci.Et si faibles que paraissent ses chances de succès, Wax, pour finir, se lancera tout de même dans cette audacieuse tentative de franchir le détroit d'Ormuz à la nage. Si la trame dramatique de "Mère de tous les détroits" est relativement discrète, il n'en reste pas moins que ce texte est indéniablement un roman : du fait de ses personnages - principaux comme secondaires - nimbés de mystère et de "romanesque", du fait d'un talent descriptif qui finit par diffuser un climat d'inquiétante étrangeté et enfin par la restitution précise d'une menace omniprésente.
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