Résumé :
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Si, pour le sociologue Jacques Leenhardt, la littérature est, dans nos sociétés, indissolublement livre (objet pris dans un circuit marchand), oeuvre littéraire (travail sur la pensée et le langage) et lecture (communication entre un écrivain et un lecteur), la désunion entre l'objet et sa lecture va désormais grandissant, symptôme manifeste des fluctuations d'une industrie de la culture irrévocablement mondialisée.En effet, les nouvelles donnes de l'activité économique du livre dépendent de conglomérats financiers régis par des logiques de rendement qui débordent les enclaves singulières pour former des réseaux par-delà une géographie prédéfinie. Le livre francophone se commercialise donc dans un paysage présenté comme "métissé", rendu "hybride" de par le brouillage de l'identité des producteurs et des consommateurs.La littérature antillaise tient une place exemplaire au coeur du vaste ensemble francophone, les écrivains caribéens étant simultanément imbriqués dans le local (la culture créole), le national (la culture française) et le global (le marché mondial de la traduction). Elle est, de ce fait, le lieu par excellence pour une réflexion sur la théorisation de la réception et de la commercialisation d'auteurs qui écrivent en marge de l'esthétique admise et de toute taxinomie.Les questions qui sous-tendent cet ouvrage sont les suivantes : l'unification des marchés du livre à l'échelle mondiale est-elle en synergie avec les impératifs de la "diversité culturelle" telle qu'elle est définie par la Déclaration universelle de l'UNESCO à ce sujet ? Le texte peut-il prétendre à l'autonomie poétique lorsque le livre devient une marchandise ? Comment appréhender la transparence putative entre les concepts de "Weltliteratur", "World Literature" et "Littérature-monde" ?
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