Résumé :
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Comment penser les mouvements qui se produisent au sein de l'islam si les catégories, élaborées par les sciences sociales, ne sont pas observables empiriquement ? Comment appréhender le dynamisme des acteurs islamiques, si ceux-ci font voler en éclats les grands paradigmes permettant de les analyser ? Ce numéro, sans avoir la prétention d'offrir une théorisation définitive, propose de revenir sur les classifications habituellement utilisées (soufisme, réformisme, islam politique...), et d'exposer leurs limites face à la complexité des recompositions de l'islam contemporain. Fondé sur de fines études des pratiques islamiques en Afrique subsaharienne (et au-delà), ce numéro spécial montre la souplesse des musulmans qui, manifestement, ne désirent pas s'enfermer dans les terminologies que leur attribuent les islamologues. Les auteurs présentent, ici, la façon dont des guides soufis, qui ont toujours initié des mouvements de réforme, se lancent aujourd'hui encore dans une politisation de leur groupe spirituel ; comment certains acteurs islamiques refusent d'être catalogués, ou se réclament d'un islam de réforme si polysémique qu'il devient impossible à définir ; ou encore la manière dont des groupes dénommés " islamistes " ont des trajectoires complexes allant du djihadisme au légalisme selon le contexte politique dans lequel ils évoluent. Au-delà d'une plasticité indéfinie, caractérisée par des notions telles que post-islamisme, néo-confrérisme, néo-fondamentalisme, etc., ce numéro montre que la délimitation des appartenances islamiques est l'un des plus grands défis auquel les chercheurs sont aujourd'hui confrontés.
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