Résumé :
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Du XVe au XIXe siècle, sur les onze à quinze millions d'Africains qui ont traversé l'Atlantique dans les soutes des bateaux négriers, environ trois millions et demi débarquèrent au Brésil.C'est dans ce pays, où ils s'efforcèrent de perpétuer leurs traditions, qu'ils furent les plus nombreux. Cet ouvrage montre la parenté des productions afro-brésiliennes et des arts de l'Afrique subsaharienne en privilégiant les regards croisés. Dans cette perspective, les auteurs, anthropologues, sociologues, ethnomusicologue et historienne de l'art, chercheurs français et brésiliens, ont exploré les données matérielles et spirituelles à la lumière de cet héritage.L'étude d'Erwan Dianteill se concentre sur les principales religions afro-brésiliennes, candomblé, umbanda et macumba, avec leurs variantes et leurs codes spécifiques, tandis qu'Ismael Pordeus analyse la séquence rituelle du culte de guérison olubajé du candomblé. La transmission des croyances se fait notamment par l'intermédiaire des danses, des chants et des instruments de musique qui accompagnent les cérémonies.Xavier Vatin en souligne la dimension sacrée et les origines africaines. Les moments de communion partagés avec les autres membres, lors des cérémonies, renforcent la cohésion des fidèles. Ils transmettent non seulement des valeurs héritées de l'Afrique, mais aussi des codes marqués par le système esclavagiste qui, comme l'explique Roberto Motta, influent aujourd'hui encore sur leur image et sur leur place dans la société.Les actes cérémoniels afro-brésiliens trouvent leur justification dans des traditions anciennes. Sans oublier que les esclaves venaient de quelques autres pays d'Afrique, la contribution de Christiane Falgayrettes-Leveau remonte aux sources principales auxquelles se rattachent trois grandes aires culturelles africaines yoruba (Nigeria, Bénin), fon/ewe (Bénin, Togo) et bantu (République démocratique du Congo, Congo et Angola).Au Brésil, la proximité et la complémentarité des croyances religieuses font se côtoyer sur les autels des éléments de l'héritage africain et des figures de saintes et de saints noirs, comme le montre Vagner Gonçalves da Silva. Des artistes brésiliens, plasticiens et photographes dont les démarches originales sont évoquées par Joëlle Busca, puisent une part de leur inspiration dans ces croyances et pratiques religieuses.A travers cet ouvrage accessible à un large public, le regard porté sur les racines africaines du Brésil ouvre une nouvelle voie de réflexion pour les sociétés métisses, fortes de leurs identités plurielles. Ce livre a été édité sous la direction de Christiane Falgayrettes-Leveau, avec la collaboration scientifique d'Erwan Dianteill, à l'occasion de l'exposition Brésil, l'héritage africain, conçue dans le cadre de l'Année du Brésil en France, sous l'égide des gouvernements français et brésilien.
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